Quand une artiste débarque chez Spektrum

Est-ce que vous vous ennuyez, comme moi, de tout le temps qu’on avait pour l’expression créative durant l’enfance et l’adolescence? J’adorais les cours d’arts plastiques, la musique, l’art dramatique, la photographie et l’écriture. Je créais intuitivement, sans me remettre en question, sans me demander si c’était bon. Avec les études et l’arrivée sur le marché du travail, on cherche à approfondir notre expertise et on focus davantage sur la productivité. Les occasions de partir d’une page blanche se font de moins en moins fréquentes. À moins d’être artiste, comme Camille Bernard-Gravel, qui est venu secouer notre univers à l’occasion d’une résidence. Dire que j’étais enthousiaste est faible quand on m’a appris que nous allions collaborer avec elle chez Spektrum!
Je crois à la richesse du mélange des genres : c’est un puissant accélérateur créatif. C’est de cette idée qu’est né le projet de La Chambre Blanche de jumeler quatre entreprises technos (iXmédia, Studio Élément, SAGA et Spektrum) avec quatre artistes de la ville de Québec pour présenter nos oeuvres numériques lors de la Soirée F5 au Musée de la civilisation le 4 avril dernier, à l’occasion de la Semaine numérique.
Collaboration et lâcher-prise
Le match était bon : Camille aime mettre en relation des phénomènes naturels avec les technologies inventées par l’humain. Avec son petit côté geek, elle partageait un langage commun avec Francis et Nicolas, développeurs attitrés au projet. Reste qu’une artiste qui débarque au bureau, ça remet en perspective notre façon de travailler.

J’ai trouvé l’expérience à la fois enrichissante et déstabilisante. Enrichissante, parce que nous voulions vraiment trouver des points communs entre nos intérêts, malgré que nous avions tous des profils très différents. Et c’est ce qui était stimulant : la contribution de tous les intervenants selon leurs forces. Le côté technique qui influence le concept, les préoccupations de notre siècle traduites de façon abstraite. C’était aussi déstabilisant, parce que sans contraintes majeures et sans objectifs clairs, il fallait accepter d’être dans le néant lors des brainstorms de départ et faire confiance au processus. Dans mon cas, oublier mes réflexes marketing pour être davantage dans le ressenti a été un bon exercice.
Adaptation requise
Il faut le préciser, les visiteurs ne pourront pas voir l’oeuvre originale, puisqu’il aura fallu l’adapter en cours de route en fonction des normes du Musée qui recevait pour la première fois un tel type d’exposition. Comme quoi nous n’avons pas été les seuls à devoir nous adapter! Au-delà du résultat, nous en ressortons avec une vision nouvelle sur le travail d’artiste et une envie d’infuser davantage de collaboration dans nos projets au quotidien. La Fabrique culturelle a d’ailleurs réalisé de chouettes capsules sur les rencontres entre les entreprises et les artistes. Regardez la nôtre pour découvrir notre concept et notre démarche!
Pour voir l’exposition « F5 : l’art se connecte », direction Musée de la civilisation! L’exposition est accessible jusqu’au 10 juin.